Souvenirs d’un mariage – Louis Begley

Souvenirs d’un mariage – Louis Begley
Souvenirs d’un mariage – Louis Begley
(Memories of a Marriage, 2013)
Piranha, 2016, 205 pages
Traduction d’Edith Soonckindt



Lucy De Bourgh, issue d’une des familles les plus en vue de Rhode Island, épouse dans les années 50 Thomas Snow, fils d’un garagiste alors en pleine ascension sociale.
Un demi-siècle plus tard, Philip croise Lucy qu’il a autrefois fréquentée. Elle lui dévoile des détails saisissants de son mariage raté et remet en question les propres souvenirs du narrateur.
C’est l’occasion pour l’auteur de réaliser un portrait de la haute société américaine.

Ce roman m’aura laissé des impressions ambivalentes. Bien que court, il n’aura pas été facile à lire du fait, essentiellement, d’un manque de rythme. Les souvenirs du passé, à une allure contemplative, ont parfois généré de l’ennui. En outre, quelques coutures sont visibles : sans rien savoir de l’auteur, on devine l’utilisation qu’il a fait de ses propres souvenirs et expériences, en France notamment (et, en consultant sa biographie, on n’est pas étonné de découvrir que son épouse est française et qu’elle a déjà été mariée – comme c’est le cas, dans le roman, de l’épouse du narrateur). Enfin, pour en finir avec les points « noirs », le narrateur m’a semblé bien trop complaisant vis-à-vis de lui-même.

Cependant, les différents points de vue sont agencés intelligemment. Après avoir entendu la version de Lucy, Philip, ébranlé, va recueillir d’autres témoignages qui apportent chacun une touche de lumière, des éléments à la fois factuels et subjectifs. L’ensemble permet non seulement de reconstituer le naufrage que fut le mariage de Lucy et Thomas mais aussi, et c’est la grande réussite du livre, de dresser les portraits de chacun avec finesse et de toucher du doigt l’essence d’un mariage qui dure dans le temps. Qu’a-t-il manqué à ces deux êtres pour réussir ? Pourquoi se sont-ils mariés en premier lieu ?

La construction est fluide, les personnages complexes et intéressants. S’il n’y avait eu ce rythme un peu mou, nul doute que j’aurais dévoré cette histoire subtile aux airs d’enquête à travers le temps.


Ce livre m’a été transmis par l’éditeur.